Réchauffement climatique et transport sur Annecy

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FICHE 5 : RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE ET PROJETS LIES AUX TRANSPORTS DANS LE BASSIN ANNECIEN

Mer de Montagne

A l’opposé des enseignements et décisions de la récente 21ème Conférence sur le Climat à Paris (COP21), les projets routiers à l’instar de celui de tunnel sous le Semnoz (couplé ici à un bus abusivement dit « à haut niveau de service ») aggraveraient le réchauffement climatique et la congestion du trafic; a contrario des modes de transport attractifs et performants de type Transport en Commun en Site Propre (TCSP) guidés seraient efficaces pour lutter contre le réchauffement climatique et mieux répondre aux besoins de mobilité.

Mise en perspective des enjeux du XIXe siècle:

– L’année 2015 a été la plus chaude jamais observée dans le monde, avec une température moyenne à la surface du globe nettement supérieure au précédent record de 2014 (source : OMM – Organisation Météorologique Mondiale). En Haute-Savoie, l’épaisseur de glace de la Mer de Glace aurait diminué de 3,60m entre 2014 et 2015.

– Les répercussions du changement climatique vont causer un nombre de victimes supplémentaires dans le monde estimé à 250.000 par an à partir de 2030 (source : OMS – Organisation Mondiale de la Santé). Il faut s’attendre à ce que des dizaines voire des centaines de millions de réfugiés climatiques (selon les estimations) prennent la mer ou la route d’ici à 2050.

– Lors du dernier maximum glaciaire il y a 21.000 ans, un glacier de plusieurs centaines de mètres d’épaisseur recouvrait Annecy et la cluse du Lac jusqu’au Mont Veyrier. La différence de température globale sur terre entre ce maximum glaciaire et la période actuelle n’est que de 4 à 5 degrés (source : CNRS).

– Si aucun effort supplémentaire de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) n’est déployé, l’augmentation de température moyenne à la surface du globe sera de 4 à 5 degrés en 2100 par rapport aux niveaux préindustriels (source : rapport du GIEC 2014). Dans nos montagnes, Météo France prévoit une diminution de 50 à 80% de la durée annuelle d’enneigement (jusqu’à 2.500m) des massifs français d’ici la fin du siècle, avec des conséquences importantes sur l’économie touristique.

Pour éviter l’éventuel cataclysme, le réchauffement climatique doit être limité à 2 degrés à la fin du siècle (2100). LEurope s’est engagée à une réduction de ses émissions de GES de 40% d’ici 2030.

Toute nouvelle voie routière génère une augmentation du trafic et, corrélativement, des émissions de GES supplémentaires. Pour exemple, le tunnel sous le Semnoz et sa nouvelle voie urbaine (NVU) de raccordement induiraient, à population identique, un trafic supplémentaire estimé à 26% (source : Etude SYSTRA de 2013 commandée par le CD74 et la C2A), pourcentage amplifié par la croissance (20%) démographique prévue par le SCoT en 2030 (soit au global +46% par rapport à aujourd’hui). Outre les effets négatifs sur les embouteillages et la santé, le projet du tout routier en rive Ouest du lac provoquerait une augmentation des émissions de GES d’au moins 26% par rapport à une situation sans tunnel et NVU en 2030 (ou +40% vs 2015, démographie et baisse de consommation du parc auto prise en compte), sans chiffrer le report de trafic routier en rive Est lié à l’hyper congestion  de la rive Ouest. Ceci au sein d’un Territoire à Energie Positive (TEPOS) et dans le périmètre de la Convention alpine.

Pour réduire les émissions de GES, il faut offrir les transports collectifs attractifs et performants et faciliter leur intermodalité avec les autres modes de transport ou de déplacement comme les deux roues non motortisés. Un TCSP guidé sur la rive ouest du lac aurait un impact climatique largement favorable (source : étude TTK de 2012 commandée par la C2A). Alors que la plupart des villes font leur mutation écologique, pourquoi en Haute-Savoie, et de manière anachronique, persister dans le tout-automobile ? Selon une étude publiée par le Ministère de l’Ecologie, « le bassin annécien souffre d’une offre en transports alternatifs [à la voiture] très insuffisante ». Le déficit en matière de transport collectif et l’insuffisance de multi-modalité constatés depuis des dizaines d’années par de nombreux urbanistes affectent désormais le climat. Après la mobilité et la santé.

En Haute-Savoie comme ailleurs, le développement sera soutenable ou ne sera pas.