Affirmation N° 1 : FAUX !

REVENIR AU VRAI / FAUX

1° Une nouvelle route ou une voie supplémentaire sur une route existante permet de fluidifier le trafic et de faire baisser la pollution

la plus grande autoroute du monde saturée
10 ans après son élargissement on roule plus lentement sur  la plus large autoroute du monde (26 voies) . On met 51% plus de temps en 2014 du centre ville de Houston jusqu’à Pin Oak via cette autoroute. C’est ça le trafic induit. (Crédit photo : La Katy Freeway à Houston Texas – SUPERSTOCK/SIPA)

globalement FAUX 

On ne peut espérer une amélioration du trafic que sur le tronçon de route concerné et seulement pour quelques années, alors que les tronçons situés de part et d’autre du nouveau tronçon vont subir d’importantes augmentations de trafic. C’est le phénomène du «trafic induit», bien connu de tous les experts en transports. Il ne s’agit pas ici de déplacement de trafic mais bien de trafic supplémentaire.

De fait, plus on donne de l’espace à l’automobile, plus l’automobile occupe de l’espace. En effet, une nouvelle voie qui va d’un point A à un point B  va permettre (dans un premier temps seulement), d’aller plus rapidement du point A au point B. Dès lors, des automobilistes vont changer leurs habitudes : les usagers vont effectuer plus facilement le trajet de A vers B, donc certains  l’emprunterons volontiers plus fréquemment, et surtout de nouveaux usagers vont aller de A vers B.

Par exemple :

– Des automobilistes pourront habiter plus loin de leur lieu de travail sans que leur temps de parcours ne soit augmenté (dans un premier temps)

– Des  automobilistes emprunteront la nouvelle voie pour leurs loisirs, surtout si elle mène à des sites attractifs, alors plus facilement accessibles

– Des automobilistes commerciaux pourront élargir leur périmètre de démarchage de clients

(un parallèle peut être fait avec la mise en place d’un TGV entre deux villes : davantage de gens vont alors se déplacer entre les deux villes).

 MAIS cela pose deux gros problèmes :

1/ Le trafic induit par la nouvelle voie va se retrouver sur les tronçons routiers situés au-delà de cette nouvelle voie, tronçons qui n’auront pas été élargis et vont donc se retrouver saturés.

2/ Sur la nouvelle voie, le trafic va peu à peu augmenter au fur et à mesure que les habitudes vont changer, jusqu’à atteindre de nouveau la saturation.

Alors les mêmes qui avaient décidé de créer cette nouvelle voie vont probablement demander de l’élargir ou d’en faire encore une nouvelle… Pendant ce temps, la pollution cancérigène et les émissions de gaz à effet de serre augmenteront sans cesse et de nouveaux embouteillages apparaîtront.

Cerise sur le gâteau, faire une nouvelle voie routière génère un report modal des transports doux et/ou collectifs vers la voiture.

 Des exemples ?

– L’autoroute A41 Annecy-Genève, mise en service en décembre 2008, incite davantage les Savoyards à travailler en Suisse, incite davantage les Suisses à acheter des biens en France, incite les gens à prendre leur voiture plutôt que le train : cette autoroute est déjà saturée et il est prévu de l’élargir à 2X3 voies entre Annecy Nord et Saint-Martin-Bellevue.

– A Lyon, la rocade Est devait faire sauter le bouchon du tunnel de Fourvière. Or, en quelques années, le trafic de Fourvière est revenu à ce qu’il était initialement, et rocade comme tunnel sont désormais saturés.

 – Le projet de nouvelle autoroute A45 entre Lyon et Saint-Etienne ferait perdre 1/3 de ses usagers au train.(2)

 – Selon l’étude BG, le projet de tunnel sous le Semnoz entre Annecy et Sevrier (qui serait relié au nœud routier de Seynod ou passent 130.000 à 180.000 véhicules par jour) provoquerait à l’horizon 2030 une augmentation du trafic, en heure de pointe du matin et selon les hypothèses, de 32 à 43% entre Saint-Jorioz et Sevrier, et de 56 à 75% entre Duingt et Saint- Jorioz.

 – Et pour finir en beauté, au Texas la plus large autoroute du monde (26 voies !) est déjà saturée 10 ans plus tard : Lire l’article de Rue89 : La plus large autoroute du monde est déjà bouchée

(2) Selon le Dossier d’Enquête Préalable à la Déclaration d’Utilité Publique.