Voie Verte rive Est, trafic routier et urbanisation du Lac d’Annecy

Par Olivier Labasse : Bien Vivre à Veyrier

Npasserelle-balmettes-tdd-25-5-2016ous sommes tous cyclistes. C’est pour cela qu’à plusieurs reprises depuis la première enquête publique de 2007, à laquelle elles avaient présenté leurs contributions pour de meilleurs aménagements cyclables, certaines de nos  associations ont écrit au Président du Conseil Général (CG 74) devenu Conseil Départemental (CD 74) et au Préfet de la Haute-Savoie pour attirer à nouveau leur attention sur l’erreur  conceptuelle d’une piste bidirectionnelle partielle jouxtant la RD sur la rive Est exigüe et sa dangerosité liée au relief mouvementé. Les accidents, soulignés par les gros titres de la presse locale en juillet 2015, et les efforts financiers consécutifs de sécurisation (1 100 000€) de la voie verte rive Ouest, presqu’horizontale pourtant, confirment malheureusement la justesse de leur avertissement d’expérience pour la voie rive Est qui présente des difficultés techniques (croisements avec montées soutenues et descentes rapides) et des dizaines de circulations transversales de voitures. Et sur l’absence piégeuse de logique: une voie bidirectionnelle longeant la voirie parfois coté amont, parfois coté aval, avec croisements du flot automobile pour les relier, entrecoupée de portions en aménagement cyclable ou d’aucun aménagement dans le secteur le plus accidenté: que vont faire les néo-cyclistes, attirés par une « voie verte », et leurs enfants en arrivant aux Granges de Talloires où cette dernière s’arrête brusquement : emprunteront ils la chaussée descendante dans le flot des voitures, cars et camions ou préféreront ils oser à contre sens la bande cyclable montante ?

Nous sommes tous piétons et marcheurs. C’est pour permettre et encourager l’activité la plus naturelle pratiquée à tout âge que nous avions attiré l’attention du CG/CD 74, celles du Syndicat Mixte du lac d’Annecy (SILA) et de Mairies de la rive Est sur l’intérêt d’un sentier piétonnier du tour du Lac balisé et sécurisé ainsi que sur l’intérêt de trottoirs – autant que faire se peut- dans les (traversées de) villages. La marche devrait être bonne pour la santé. Tous peuvent apprécier l’étroit « marchepied » de Chavoire frôlant 4m de piste cyclable bidirectionnelle, ou le trottoir entre le rond-point de la Poste et la Cinémathèque (Téléphérique) de Veyrier, sur lequel marcher en crabe évite de se faire happer le bras. Après l’arrachage de plusieurs dizaines d’arbres en entrée nord de Veyrier, il serait question de supprimer les 120 tilleuls qui protégeaient les piétons des ardeurs du soleil entre Veyrier et Menthon et marquaient ce grand paysage. Le Président Pompidou se retournera dans sa tombe, qui, exprimant à Jacques Chaban-Delmas sa « volonté de sauvegarder partout les arbres le long des routes » demandait (en juin 1970) à son Premier ministre «de donner des instructions précises pour que sous divers prétextes (vieillissement des arbres, demandes de municipalités circonvenues et fermées à tout souci d’esthétique, problèmes financiers que posent l’entretien des arbres…), on ne poursuive pas dans la pratique » (d’abattage Ndlr). Sans oublier le rôle très important des arbres dans l’absorption du CO2, peu connu à l’époque.

p_20160914_140223Nous sommes tous attachés à la qualité exceptionnelle du site et à la sauvegarde du lac d’Annecy. C’est pourquoi nous avions demandé aux exécutifs de mettre fin à l’artificialisation et à l’urbanisation de notre petit lac alpin qui déjà, en 2009, l’avaient empêché d’être classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Depuis, la largeur de l’enrobage de bitume en rive Est dépasse 11 à 12 m comme on le constate déjà à Chavoire à Menthon ou à Balmettes. Le choix inconséquent du bidirectionnel contre la RD conduit à doubler la largeur de voie bitumée par rapport à celle de deux couloirs cyclables de part et d’autre de la chaussée des voitures et à construire des murs de soutènement de 3 à 7 mètres (Chavoire, Balmettes…) dont la valeur esthétique n’est pas à la hauteur, en particulier vus de la rive Ouest et du lac. En revanche ils réfléchiront désagréablement la chaleur du soleil, tous les cyclistes le savent. Il s’agit dès lors d’un équipement structurant et non plus d’un aménagement cyclable comme titré abusivement sur le dossier de l’enquête publique. Encore faudrait-il que les travaux réalisés soient conformes à l’autorisation qui précise : « les pistes bidirectionnelles auront une largeur de 3m, ou 2,50m dans les zones topographiquement difficiles ». Deux associations ont constaté des dépassements (+ 33%) qui ne peuvent pas, sur près d’1 km, être assimilés à des bavures de chantier : en 12 points de mesure sur le tronçon Menthon-Echarvine les largeurs sont de 4m, avec des maxima de 4,15m et 4,20m. Le Conseil départemental, interrogé, n’a pas disconvenu dans son courrier en réponse du 7/05/2015 de ces « sur-largeurs » (sic), pas plus qu’il n’a contesté une majoration de coût accordée alors à « + 30% ». Sans rapport avec l’inflation. Le 12/09/2016, son Vice-Président vient, par voie de presse, d’en admettre le doublement.

Qu’en est-il, par ailleurs, du respect de la légalité (loi littoral) pour les travaux en cours (tranche T6 « La Conche- Balmettes »), qui taillent la montagne et surplombent la rive sauvage du petit lac?

Nous sommes tous attentifs à la dépense publique et à l’opportunité des arbitrages. Le budget annoncé lors de la présentation du projet à la Presse le 28/09/2012 était précisément de 22 391 840,53€ (acquisition foncières comprises) pour une longueur de 14km en rive Est, soit 1 599 417€ du km de parcours de loisirs (intermittents : belle saison et week-end) à 99% (On peut aussi imaginer que les « 370 000 passages de vélo enregistrés sur la voie verte en 2015 », selon les dires du Vice-Président du CD 74 rapportés par la presse ce 12 septembre, ne sont pas à 100%, malgré l’indigence des transports collectifs, des trajets domicile-travail ou écoles, surtout pour ces derniers en été…). Cesser de confondre mobilité douce et loisirs de masse ; la rive Est exigüe n’a pas la capacité, sauf à être saccagée, d’accueillir 500 000 cyclistes de passage en 2 mois.

Le cout réel pour les contribuables devrait « exploser » le budget : 3,630M€ affichés sur le chantier pour 1,5km à la dangereuse côte de Chavoire (tranche T3 2013) contre 5,4M€ réalisés (réunion de Faverges du CD le 5/04/2016) et  3,2M€ budgétés initialement (réunion SILA du 14/05/2012), soit + 69% ; 4,397M€ affichés en 2014 (contre 2,2M€ annoncés le 14/05/2012 au bureau du SILA, soit + 100% de dépassement , puis 2,8M€ « valeur2011 » à la réunion CD/SILA du 6/03/2016) pour les 2,2km de Menthon aux Granges de Talloires (tranche T4 de 2014). A Veyrier, la section bidirectionnelle inutile (car elle ne fait que reculer la descente vers le lac pour la fréquentation massive des plages ou l’usage de la route de la Tournette -à vitesse limitée- pour les  cyclo-touristes et cyclo-sportifs) entre les Pensières et le rond- point des Pérouzes vient d’être réévaluée, pour moins de 800m, à 4,7M€ (soit 5900€ du m linéaire) au bureau du SILA du 25/04/2016 alors qu’elle avait été budgétée à 2 ,2M€ lors de la réunion CD-SILA du 6/03/2013 (soit +114% en 3 ans) ; ses travaux titanesques, pharaoniques disent certains avec malice, ont été avancés à septembre 2016 ; pour en forcer, à tout prix, le passage ? Nous avions proposé, à défaut de suppression, 2 bandes cyclables de part et d’autre de la chaussée des voitures, en lecture du code de la route pour tous (priorité à droite), ce qui aurait permis d’économiser la moitié de l’emprise bitumée correspondante.

Au global, le coût pour la rive Est pourrait atteindre, à la date de notre audit et sauf action corrective ou erreur, 41,820M€, soit un dérapage de + 87% par rapport à la conférence de presse des bâtisseurs en 2012 et + 93% par rapport à la DUP. Un cas d’école sur la rigueur de la gestion des finances départementales ou le sérieux de ses études préalables. Ne seraient-ils pas mieux utilisés pour le développement de transports collectifs performants, pour la santé, l’école… ? D’autant que notre Président départemental se plaindrait dans la presse du 8 septembre du « hold-up sur le financement des collectivités locales » (à propos de la baisse des dotations de l’Etat) qui fait se serrer la ceinture.

Devrait-on aussi s’interroger sur la légalité du co-financement par le SILA d’une voie qui, devenue « verte » sur 70% de son parcours, n’entre plus précisément dans sa mission réglementaire, ni dans ses compétences optionnelles, comme pouvaient le prétendre des « aménagements cyclables » ?

Nous avons tous besoin d’air. Pas de pollution, ni de voitures en plus. Cyclistes, nous pédalons le nez dans les gaz d’échappement dans les côtes de Chavoire, Menthon et Talloires, comme avant. Le plus important n’est cependant pas là, mais dans le dossier d’enquête publique qui fait état pour le secteur du petit lac « d’une saturation croissante, car la RD 909a a des caractéristiques géométriques insuffisantes pour assurer une telle circulation dans des bonnes conditions de sécurité » ; les « simulations (acoustiques. Ndlr) ont été réalisées à partir des trafics futurs (2020) de 15320 véhicules/jour et 5% de poids lourds ». Les travaux en délicatesse avec la stricte légalité sur la section de la route D909a, entre lac (loi littoral), montagne (loi montagne) et espaces boisés (classés), auraient-ils eu pour objet initial d’en modifier la « géométrie » pour accueillir un trafic routier 2,3 fois supérieur à la moyenne (6758 véhicules) observée des années 2008-2014 (comptages Conseil général) avec 4,5 fois plus de camions (765 PL en 2020 vs 170 comptés en moyenne 2008-2014)? Afin d’équilibrer le trafic routier grandissant de l’axe Faverges – Annecy  des 2 rives du  Lac saturées (avec 28449 véhicules/jour en pointe à Sevrier sur la RD 1508  et  23449 véhicules /jour à Veyrier sur la RD 909 selon les comptages 2013 du CG 74)? Puis d’absorber partiellement la hausse programmée de la circulation liée au  projet de Tunnel rive Ouest la reliant à un nœud routier de 100 000 véhicules par jour ? (hausses de + 26% à + 61% selon les 3 études successives TTK, SYSTRA, BG Conseil, les communes traversées et les sens de circulation). C’est ce qui se cache malheureusement derrière le maitre-mot officiel, qui ne trompe aucun spécialiste des transports, de « fluidification » du trafic automobile avec des voiries rectifiées débarrassées des cyclistes mis à coté, mais pas des microparticules, des GES, du bruit… Pour confirmation le tronçon T5 (909 à Veyrier) permettrait d’augmenter le trafic journalier moyen du village de + 2400 véhicules (20000 vs 17592 actuellement). Alors que 96% des répondants à l’enquête BVV à Veyrier sont favorables au développement des transports collectifs (voir www.bienvivreaveyrier.org  et le journal municipal N° 82 de juin 2016) et que le trafic de transit Albertville- Genève doit cesser d’être encouragé sur les rives du lac.

Nous sommes obstinément démocrates et légalistes. C’est pourquoi nous avons rencontré le Vice- Président du CD 74 en charge du projet d’infrastructure et les Conseillers départementaux du canton de Faverges ainsi que le Président du SILA avec ses équipes pour leur faire part de nos inquiétudes pour la sauvegarde du Lac, l’économie touristique,  la qualité de vie des habitants, la sécurité et l’agrément des cyclistes. Et aussi attirer leur attention sur les points litigieux, dont la prorogation « automatique » de la DUP alors qu’une nouvelle enquête publique aurait été d’usage du fait des « débordements » observés. Nous les avons remerciés pour leur accueil, mais constatons avec regret que les propositions de tracés alternatifs et les solutions d’amélioration des associations de la société civile, qui comptent dans leurs rangs des cyclistes, des ingénieurs, des urbanistes, des financiers, des industriels, des juristes… ne sont jamais prises en considération par des responsables politiques locaux détenteurs décennaux de multiples mandats, guettés par l’aggravation de la certitude d’avoir toujours raison. Contre leurs nombreux administrés opposés au ravage du site, transformés pour la circonstance en « minorité ». Se consolera-t-on de l’utilisation du 74-3, avatar local du détestable 49-3, en lisant, à propos de la Charte de développement durable du bassin annécien, que « pour les aménagements cyclables, la Région est en désaccord avec les choix d’aménagements retenus » ?

OL – 15/09/2016.

Un avis sur « Voie Verte rive Est, trafic routier et urbanisation du Lac d’Annecy »

  1. OUF………..

    Si j’avais su, je n’aurais pas lue. En réalité c’est pas simple et pas des plus facile à comprendre avec tous les sigles.

    _Félicitation quand même pour le travail fournie._ _Pour quel résultat ? _

    Bien cordialement. Un ancien cyclo de maintenant 80 ans

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    Le 16.09.2016 à 16:27, Grenelle des transports et de la qualité de l’air du bass

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